Les travaux sur Dom Juan de Molière

Pendant la première partie de l'année scolaire 1997-98, les élèves ont préparé par groupe des dossiers d'analyse thématique concernant un des thèmes majeurs du Dom Juan de Molière. Après avoir relevé en classe les divers thèmes qui semblaient aux élèves prépondérants dans la pièce, quatre groupes ont été définis afin de traiter ce que nous avions discuté. Un groupe s'est occupé du pouvoir, le deuxième de la religion, le troisième de l'amour, le quatrième de la conception de la société.



 

 Le Pouvoir dans Dom Juan

 

1. Le pouvoir

Tout pouvoir implique un rapport hiérarchique, un rapport de force. Dans le cas de Don Juan, les rapports de force sont les seuls qu,il entretient avec les autres. La question du pouvoir est donc centrale pour le personnage.

Domination, soumission, révolte, envie, abus, etc...; ce sont les aspects concrets du pouvoir. Nous les avons traités dans les trois contextes suivants: celui des classes sociales, celui de l,amour et celui de la foi.

2.1. Pouvoir et classes sociales

La problématique du pouvoir de la classe sociale est surtout représentée dans les rapports directs entre Don Juan et des personnages de classe nettement inférieure comme: les paysannes, le pauvre ou M. Dimanche.

Lors de l,Acte 2 scène 2, seul un personnage de la classe de Dom Juan aurait pu traiter Charlotte de la sorte. Il la compare pratiquement à un animal où le seul critère de sélection est la beauté. Charlotte s,intéresse plus à l,argent que détient Dom Juan. Son seul but est le mariage, qu,étrangement elle avait refusé dans la même journée à Pierrot.

En fin de compte, les deux protagonistes sont tous les deux aussi intéressés l,un que l,autre. L,amour dans ce jeu de la séduction  n,est pas vraiment de la partie. Cette idée de profit mutuel dû à la classe sociale de l,un ou de l,autre est tout à fait contemporaine.

Lors de l,Acte 4, scène 3, Don Juan arrive à renvoyer M. Dimanche sans que celui-ci  se fasse rembourser ses créances.
En utilisant son éloquence et son rang social, il procure un semblant de pouvoir à M. Dimanche qui, se sentant gêné de demander de l,argent à un homme si "charmant, repart sans un sou dans ses poches.

Don Juan a la capacité de s'adapter à la situation en modifiant ses pensées et ses convictions. Il monopolise la conversation pour éviter que le sujet voulu ne soit traité.

Molière a sûrement voulu montrer que les titres de noblesse créaient à l,époque une porte ouverte  à la manipulation des gens du peuple.

2.2 Pouvoir et Amour

1) Faits textuels: Les grands points de la vie amoureuse de Don Juan sont:
- la liaison avec Elvire, qui se propage durant toute l'oeuvre.
- la liaison avec Charlotte, qui se situe dans l'acte 2.

2) Signification: Dès le début de la pièce, Don Juan passe pour un fourbe. Le fait d'avoir sorti Done Elvire d'un couvent pour ensuite manquer à sa parole le prouve. Depuis le début de la pièce, les seules personnes qu'il ne trompe pas sont les lecteurs et les spectateurs, car nous apprenons par lui-même ou par le biais de Sganarelle ce qu'il recherche dans la convoitise d'une femme.

Il faut rappeler que d'ordinaire la fourberie est le fait des valets. Si Molière fait cela, c'est pour rompre les traditions de la comédie. De plus, Molière est bien connu pour être un innovateur et un créateur hors-pair.

Si Don Juan est un séducteur qui s'emploie à conquérir toutes les femmes qui passent à sa portée, il est aussi séduisant: jeunesse, élégance, bonnes manières, assurance, désinvolture, et il aime plaire. Toutes ses qualités vont lui permettre d'avoir un certain pouvoir sur les femmes: sur la femme noble, Done Elvire, qui succombe à ses charmes, et sur les paysannes, Charlotte et Mathurine, qui rêvent d'épouser un seigneur et se laissent flatter par le langage de celui-ci.

De plus, Don Juan est un trompeur, car, à toutes ses promises, il promet le mariage tout en sachant qu'il ne respectera pas ses engagements. Cette manipulation n'est qu'un appât pour attirer le gibier, car la femme, aux yeux de Don Juan, est un gibier. Une fois attrapée et débauchée, l'objet en question n'a plus aucun intérêt. Pour ne pas enterrer Dom Juan sans lui rendre justice, il faut rappeler que les femmes se laissent conquérir très facilement par les atouts qu'il propose. Donc les femmes sont tout autant fautives que Dom Juan  dans ce jeu interminable de l'amour. On peut le remarquer dans la liaison Dom Juan-Charlotte; Charlotte accepte le mariage avec Dom Juan pour sa richesse, sa beauté et son éloquence tandis qu'elle refuse, dans la même journée, la demande de Pierrot.

Molière, en réinventant Don Juan, réinventa un monstre de cynisme cruel et d'orgueil. Tous les faits et gestes de ce héros sont des provocations. De plus, l'entourage de Don Juan n'est composé que de gens crédules, humbles, sots, naïfs, ignorants et lâches, à l'exception en partie de Done Elvire. Mais Molière fait de ce grand seigneur libertin un rationaliste conséquent.

Molière crée aussi un personnage qui ne vieillit pas avec les années. On trouve des homologues de Don Juan à tous les coins du globe et dans tous les siècles.

2.3 Pouvoir et Foi

1) Faits textuels:
- les protagonistes évoquent le pouvoir céleste du début à la fin de la pièce;
- Don Juan se moque du Ciel durant toute la pièce;
- le Ciel se révèle à Elvire (seule manifestation plausible du Ciel);
- la confrontation entre Don Juan et la statue du commandeur.

2) Signification: Le Ciel, c'est-à-dire le pouvoir suprême, est évoqué dans presque chaque scène, du début à la fin de la pièce. Don Juan, qui dit croire uniquement à "deux et deux font quatre ", pourrait très bien ne jamais se soucier de lui. Pourtant, il multiplie délibérément les impiétés; impiétés qui semblent moins destinées à éprouver la foi des croyants qu'à provoquer ce pouvoir céleste presque personnifié.

Tout se passe donc comme si Dom Juan, par ses provocations, ne cherchait qu'à amener enfin le ciel à se manifester réellement. Le héros, en ce sens, est une sorte de saint Thomas: il exige du concret, il veut toucher pour croire, mais  il n'est jamais qu'un saint Thomas tragique, puis qu'ici nulle émanation du Ciel ne se laisse toucher. Cette dimension du "toucher", aussi déterminante en matière de duel à l'épée qu'en matière de relation amoureuse, apparaît très clairement à la fin de la pièce et sera traitée plus loin.

Mais, à défaut de faire se manifester le Ciel, l'attitude de Dom Juan agit comme révélateur tantôt de la mauvaise foi et tantôt de la crédulité de ses contemporains: les uns s'arrogeant un pouvoir au nom du ciel (Don Juan évoque les hypocrites qui, s'étant racheté une bonne conduite, s'érigent en juges), et les autres adoptant une attitude servile qui n'est parfois que de la superstition.

Parallèlement à cela, c'est à Elvire que le pouvoir du Ciel semble finalement se manifester. Il lui dévoile sa puissance d'amour et de clémence, et Elvire espère - mais en vain - pouvoir en faire profiter le héros. Ici, Molière laisse le spectateur décider si cette révélation céleste est un fantasme d'Elvire ou la réalité. Don Juan, manquant cette occasion de rencontrer le Ciel, peut, quant à lui, continuer à cultiver son scepticisme.

Outre le Ciel, la mort suscite aussi les railleries de Don Juan.

La croyance chrétienne veut que les actions faites durant la vie soient soumises, au moment de la mort, au jugement divin. Pour l'incroyant, si la mort n'a rien d'un jugement "divin", elle définit, néanmoins, la condition de tout être vivant et donne, par là, une mesure aux actions accomplies; la mort a donc, en quelque sorte, valeur de jugement  également pour l'incroyant. Ainsi la vie scandaleuse de Dom Juan, à défaut d'être soumise à l'hypothétique justice céleste, ne peut échapper à une certaine forme de jugement.

Dans la pièce, la problématique de la mort est présentée par le biais de l'affrontement de Dom Juan et de la statue du commandeur.

Le commandeur, symbole d'autorité mais mari cocufié puis tué par le héros, se retrouve magnifié pour l'éternité sous sa nouvelle forme de statue. Dès lors, on pourrait dire que, grâce à sa mort, le commandeur ridiculise la victoire que Don Juan croyait avoir emportée sur lui. En réaction à cela, le héros provoque la statue et, ce faisant, défie la mort. Ce n'est pas par hasard que le défi porte sur l'acte de manger; en effet, dans un sens symbolique, le fait de s'alimenter affirme la puissance de la vie. Inviter la statue à un repas, signifie alors inviter la mort à venir manger afin de la nier le plus totalement possible.

Contrairement au Ciel, la statue ne se dérobe pas devant la provocation. Elle est au rendez-vous et le saint Thomas-Don Juan va même la "toucher".

C'est précisément ce contact de la main du héros avec celle de la statue qui est l'instant où tout bascule. Si cette poignée de main avec le marbre de la statue consiste, a priori, en un simple contact de Don Juan avec quelque chose de dur et de froid, elle évoque aussi que quelque chose d'éternel et de froid - comme la pierre et la mort - se saisit du héros. Dès lors, par contraste, la vie n'apparaît plus que comme un feu voué à disparaître avec le matériau éphémère qu'il consume. Le contact du froid fait ressentir au héros quelques dernières flammes de vie. Il se sent passer sous la coupe d'un pouvoir contre lequel il ne peut rien, et meurt tout en continuant à refuser obstinément l'évidence de sa nature éphémère; sa révolte systématique se poursuit jusqu'à la fin.

Sans se prononcer vraiment sur l'existence du Ciel, Molière semble conclure que la seule contrainte à laquelle l'homme ait à faire face, consiste en cette limite naturelle que lui impose la mort. Mais, quoiqu'il en soit, l'auteur laisse une place au mystère; en effet, c'est sans doute lui qui s'exprime par la bouche de Sganarelle lorsque celui-ci dit à Don Juan qu'il y a "quelque chose(...) que tous les savants ne sauraient expliquer". Quant au scepticisme, a priori bienfaisant, de Don Juan, il prend une tournure sombre à mesure qu'il le conduit jusqu'à la négation de la mort.
Alors qu'en début de pièce Don Juan dégage la réalité de toute illusion, les efforts qu'il poursuit en ce sens l'amènent, finalement, au point où il en refuse obstinément la conséquence ultime. Compte tenu de son obstination, Don Juan semble alors incarner davantage le fanatisme que la révolte.

Ainsi, à travers la pièce, on peut voir le fanatisme se préciser et se définir comme étant la volonté d'ériger une opinion quelconque en autorité absolue, autorité qui par sa rigidité amène la destruction.

3 Conclusion

Tel qu'on peut le voir dans le texte qui précède, Don Juan amène toutes les situations de la vie à se transformer en rapports de force, ainsi tout est toujours ramené à une question de pouvoir. Seule Elvire échappe à cette logique destructrice.
On aimerait croire que la vision de Molière est exagérément pessimiste...


Analyse thématique de Dom Juan: la religion

Première partie: les faits textuels

Nous noterons ici les passages du livres où les relations entre Don juan et la religion sont flagrantes .

Première acte:
Dans la scène 1, Sganarelle dépeint son maître comme: "Un diable, un Turc, un hérétique" ( ligne 67), et un incrédule face aux croyances religieuses de Sganarelle en particulier et de la chrétienté en général. Et Don Juan ne respecte pas l,institution qu,est le mariage.

Dans son portrait, Sganarelle rajoute que «le courroux du ciel» (ligne 84 ) s,abattra un jour sur son maître. Sganarelle termine en expliquant que le diable serait meilleur chrétien que Don Juan (ligne 85 ).

Scène 2
Jusqu,ici le caractère hérétique de Don Juan n,avait été présenté qu,à travers les yeux de son valet. Don Juan vient défendre ses positions en explicitant par exemple ses murs libertines ( monologue de Don Juan 43-87). Sganarelle rétorque à nouveau qu,il s,expose à la vengeance divine de par ses murs libertines. Don Juan irrité répond: «C,est une affaire entre le ciel et moi» (ligne 112).

Scène 3
Don Juan renvoie Done Elvire à ses veux sous prétextes qu,il ne veut pas subir le châtiment céleste , car «le ciel est jaloux de ces sortes de choses» (ligne 85).
Done Elvire n,est pas dupe et à son tour prévient le libertin de sa probable fin tragique: «Je te le dis encore, le ciel te punira» ( ligne 113 ).

Acte 2
Il n,y a rien de probant dénotant les relations conflictuelles entre le héros et la religion, si ce n,est encore une fois son libertinage.

Acte 3
Scène 1
Don Juan, piqué par Sganarelle, avoue son incroyance envers le ciel, le diable et l,autre vie et énonce les dogmes de sa propre religion; à savoir qu,il croit que «2 et 2 font 4 et que 4 et 4 sont 8» (ligne 90). Cela donne à Sganarelle une occasion de plus de souhaiter à demi la domination de son maître.

Scène 2
Don Juan apparaît non seulement en hérétique  mais en prêchant la mauvaise parole, faisant jurer un pauvre hermite pour de l,argent; de surcroît, Il lui assure qu,il n,y a aucun mal à cela. Il se moque du peu de rémunération que lui procure la foi.

Scène 5
On remarque l,effronterie profane de Dom Juan, lorsqu,en rentrant dans le tombeau du commandeur, il plaisante sur l,habit de la statue. Il se moque encore du mystère de la vie après la mort en s,étonnant du train du commandeur, plus faste après sa mort qu,avant. Devant le miracle de la statue ayant bougé, Don Juan passe le première scène du cinquième acte à se moquer de son valet qui, croyant dur comme fer au châtiment proche, se fait un devoir de reconduire Dom Juan sur la bonne voie.

Ensuite défilent les principaux offensés, soit  Dom Luis, Done Elvire et le commandeur, par les murs libertines du héros avec un même but celui de le prévenir une dernière fois de sa probable fin.

Acte 5
Cette partie est imprégnée de l,hypocrisie donjuanesque face aux protagonistes de la pièce. Dans cet acte, Don Juan s,efforcera de se faire pardonner par ses "ennemis" en abusant d,un pseudo-repentir. Il avouera son plan à son valet qui en sera scandalisé. Don Juan  compte en effet s,élever en apôtre, défenseur de la foi et des intérêts du ciel. Encore une fois de façon tout à fait hypocrite et fictive.
Finalement, avec la scène 6, arrive sa punition, lors de laquelle Dom Juan, ferme dans ses convictions, s,en ira en enfer guidé par le spectre. On notera dans la dernière réplique de Don Juan qu,il s,exclame: «O ciel!» ... s,adressant alors à ces cieux qu,il nie.

Deuxième partie: analyses

Il existe et il a existé de tout temps à travers le monde une multitude de croyances et de rites. Des règles de vie et de pensée en ont découlé; ces règles représentent les fondements même du toute religion. Bien qu,on trouve une foule de religions différentes, elles se basent la plupart du temps sur des faits, des actes de natures certes diverses et éparses, mais dont les connotations sont plus ou moins semblables. Depuis la nuit des temps, les hommes  ne cessent de tenter de "classer" ces religions selon leurs valeurs, leur crédibilité. Cependant, une telle tâche reste hasardeuse.

Dans Dom Juan de Molière, le fil conducteur de livre reste clairement la confrontation de deux "religions", de deux modes de vie. A la religion chrétienne , Molière oppose une sorte d,adepte d,un état d,esprit qui ne connaît ni maître ni esclave; Don Juan. A priori, on peut douter de l,équité et du fondement même d,une telle comparaison; avoir comme but d,opposer à l,imposante religion chrétienne, fortes de ses dogmes millénaires et de son Dieu si puissant qu,il en est matérialisé ( la statue), à un jeune noble arrogant et insaisissable, peut apparaître à première vue comme une preuve de douce naïveté. En effet, on voit mal comment un jeune insolent pourrait ne serait-ce que faire vaciller la rigide église chrétienne sur son  piédestal.

Cependant, dès la première scène de l,acte 1, le lecteur est mis dans le secret par Sganarelle, le valet de Dom Juan, de la valeur et de la réputation de ce dernier.

Sganarelle décrit son maître comme «un Hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Saint , Ni Dieu» (acte 1, scène 1). On découvre ici le côté libertin d,esprit du personnage de Don Juan. Il fait en effet preuve d,une indépendance de pensée et d,une insoumission vis-à-vis des remontrances de l,église  caractérisant les libertins. On apprend également que l,église en elle-même ne sera pas le seul adversaire de Don Juan; la grande majorité des personnages vivant en ses temps ne jurent que par la morale chrétienne, tels Sganarelle, Elvire , le pauvre ...

Tous ces personnages s,efforceront de ramener la brebis égarée sur le droit chemin, non sans  la prévenir des dangers qu,il (Don Juan) court. Malgré la bonne volonté de son entourage, Don Juan continue sa croisade contre la superstition. Cette croisade n,est pas exprimée de la même façon tout au long de l,histoire. En effet, Don Juan évolue. Au début, Dom Juan n,admet que ce que la science peut expliquer. Or, Dieu échappe à  toute explication logique. Aussi Don Juan assimile le religion à une superstition. A la question  de savoir s,il croit en Dieu, Dom Juan répond en se moquant par des onomatopées, indiquant par là qu,il tient pour ridicule l,hypothèse du surnaturel. Et ceux qui en discutent, comme Sganarelle, sont des esprits faibles. Mais la statue bouge. La réaction rationaliste consiste à croire à un mirage, mais force est de constater que la statue est bel et bien animée.

Alors Don Juan passe de la négation au doute: «Si le Ciel me donne un avis, il faut qu,il parle un peu plus clairement, s,il veut que je l'entende». Il commence à croire à l,existence réelle du Ciel mais s,oppose à lui. Il le provoque alors pour qu,il réagisse en multipliant les mariages, en incitant le pauvre à jurer, en se convertissant à l,hypocrisie. Don Juan tourne ici en dérision le devoir chrétien de l,aumône. Plus grave, il souligne l,inutile de la prière, exercice spirituel par excellence. Le pauvre passe son temps à prier pour «la prospérité des gens de bien» alors que, souligne Don Juan, lui même manque   de tout: «Tu es bien mal reconnu de tes soins!». Don Juan, en plus, joue ici le rôle du tentateur prêchant la mauvaise parole, à nouveau, pour provoquer la réaction du ciel. C,est le pêché mortel le plus sévèrement puni par l,église. Il demande à Dieu de se montrer.

Finalement, à l,acte 5, Don Juan est enfin convaincu de l,existence du surnaturel. Cependant, il ne se soumet pas: «Non, non. Il ne sera pas dit, quoi qu,il arrive, que je sois capable de me repentir (scène 5, acte 5). Le héros est dès lors lucide à propos d son rejet. C,est le pêché suprême qui ne peut conduire qu,à la damnation.

Troisième partie: prises de position sur la problématique

Daniel
La problématique de la religion et de son intrusion dans la vie de chacun représente la base même de livre de Molière. Nous l,avons vu tout au long de notre travail, la confrontation entre d,un côté l,église chrétienne et son pouvoir quasi totalitaire, et, de l'autre, l'incroyance religieuse et l'adhésion à une vision purement physique de l'univers tourne invariablement à un duel à mort. Dans le cas présent, la liberté individuelle s,est brûlée les ailes à force de vouloir défier les valeurs existantes . On est ici devant l,illustration de la "castration" de l,individu par la collectivité et par les valeurs communes. On peut dès lors se poser la question suivante: nos sociétés sont-elles réellement propices aux différences, tant dans la pensée que dans l,action ?

La mort de Don Juan nous permet d,espérer que tout reste encore possible. Je m,explique: Don Juan a, dans les faits, perdu son duel face à Dieu; mais, en hissant, sans cesse, son dieu intérieur (c'est-à-dire ses propres convictions et ses propres lois) au niveau de Dieu,  il a prouvé à ses futurs dauphins que la confiance en soi peut bouger des montagnes.

Robert

La pièce a été interdite peu après sa première présentation, elle a en effet provoqué des réactions assez énergiques du Clergé. Etait-ce là le but du Molière? Dans un sens, c,est sûr que oui . En effet, il savait que sa pièce allait provoquer des  réactions, peut-être  pas aussi fortes que celles obtenues, mais une chose est pour moi certaine, Dom Juan est une  provocation. Cependant, à la première lecture, la pièce ressemble à un éloge de la religion, un hérétique refusant le repentir immédiat est châtié par les cieux. Mais la force de caractères et des convictions données par Molière à Don Juan ne peuvent en faire une victime et on est tenté de voir l,histoire totalement à l,inverse. Don Juan ne s'en va-t-il pas gagnant quand il pousse Dieu à se manifester par le châtiment? Et ne réussit-il pas à le rejeter lucidement et ouvertement à la fin?